S’il fallait un mot, ce serait la Vie, prise comme une totalité, céleste et terrestre, dont la mort fait partie, et l’amour selon ses différentes espèces, et le passé, et les maîtres de vie qui nous parlent en un présent abolissant le temps, et Dieu, même enveloppé de silence. L’éternité n’est pas une projection vers un au-delà dont on ne sait rien ; elle est avant nous, elle habite le présent par des fragments dont témoignent poètes et mystiques.
EXTRAIT : « J’étais allé rencontrer Gustave Thibon à Saint-Marcel-d’Ardèche afin de recueillir son témoignage sur Simone Weil. Il s’était prêté au jeu avec simplicité, comme si lui même n’était que l’intercesseur de celle qu’il avait reçue en 1941 dans la ferme familiale où, chassée de l’Université par les lois antijuives, elle voulait travailler  aux champs après son expérience en usine. Il ne parlait ni de ses livres à lui ni de sa foi ; seulement d’elle. Il répondait aux questions cent fois ressassées sur l’arrivée conflictuelle de Simone Weil au sein d’une famille patriarcale réticente à l’égard d’une anarchiste intellectuelle, reçue à la demande du père Perrin au nom de la “charité chrétienne”, qui n’était pas un vain mot. (…) Par sa générosité, le bonheur qu’il avait à réciter de la poésie, à écouter les enfants, Gustave Thibon a redonné sa vérité au nom de philosophe, que les faux-monnayeurs de la pensée ont rabaissé au rang de trafiquant d’idées. Indifférent aux clans, aux modes, aux colifichets de la gloire, il est le penseur de la bascule opérée dans les sociétés quand l’homme s’est assis sur le trône de Dieu. »

Découvrir une biographie complète et cette rencontre dans ULTREÏA ! n°03.

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