Vagabondance
« C’est cela l’exil, l’étranger, cette inexorable observation de l’existence telle qu’elle est vraiment pendant ces quelques heures lucides, exceptionnelles dans la trame du temps humain, où les habitudes du pays précédent vous abandonnent, sans que les autres, les nouvelles, vous aient encore suffisamment abruti.” Ainsi Céline décrit-il, dans Voyage au bout de la nuit, le dépaysement : se soustraire à l’habitude, cette cataracte qui voile notre regard à force d’avoir trop vu. C’est donc cela, qui nous fait céder aux sirènes de l’exotisme ? Voyager loin dans l’espoir de restaurer les couleurs vives de notre propre vie. On s’y prend étrangement : on se prépare à outrance – bagages, guides touristiques, boussole. Parés par avance pour borner l’inconnu que l’on appelle de ses vœux. »