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18Année 2020

\Nœuds et Labyrinthes - Dossier\Symbolique et universelle beauté de l’artisanat traditionnel

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Symbolique et universelle beauté de
l'artisanat traditionnel

Georges COURRÈGES, Titus BURCKHARDT, Elodie LALEUF, Patrick CICOGNANI, CARISSE BEAUNE-BUSQUET

Sommaire :

ARTISANAT TOUAREG , LA SYMBOLIQUE DES “HOMMES LIBRES” par GEORGES COURRÈGES
LES MAISONS PEINTES DU RAJASTHAN par CARISSE BEAUNE-BUSQUET
APERÇUS SUR L’ART POPULAIRE SUISSE ET SES ORIGINES par TITUS BURCKHARDT
LES MILLE MÉTAMORPHOSES DU KIMONO par ÉLODIE LALEUF
ÉLÉGIE POUR UNE ANTILOPE PRONGHORN  – L’ARTISANAT SACRÉ DE CHEYENNE RIVER  par PATRICK CICOGNANI

Feuilletez ici les premières pages du DOSSIER

Introduction :

Partout dans le monde, les oeuvres artisanales – “richesse des pauvres” selon l’heureuse expression de Jean-Claude Peretz – offrent au regard une même beauté sans ostentation tout en véhiculant une symbolique révélatrice d’un intime et quotidien rapport à l’invisible. “Seul l’art et la science élèvent l’homme jusqu’à la divinité”, écrivait Beethoven. On pourrait ainsi étendre cette remarque à l’artisanat lorsque celui-ci s’inscrit dans une dimension sacrée, transtemporelle et universelle. Quand, au-delà du simple effet esthétique, ses formes et ses manifestations parlent de nos aspirations intérieures les plus fondamentales.

C’est dans cet esprit que depuis toujours les Touaregs créent un artisanat “de signes, pour capter l’énigmatique murmure de l’univers”, comme nous l’expose Georges Courrèges. Selon ce fin connaisseur de l’Afrique, au-delà des aspects décoratifs, l’objet exprime “une beauté porteuse d’énergies qui a irrigué la société touarègue et son histoire”. Il revient ici sur l’étonnante richesse de ces sobres oeuvres du désert à travers le travail du cuir, du bois, du tissage, de la vannerie, du métal tout autant que le langage du thé ou encore l’art des perles et des bijoux, domaine dans lequel ces artisans excellent.

À des milliers de kilomètres, un autre désert, celui du Thar, à l’ouest du Rajasthan, en Inde, recèle un art féminin méconnu, sacré, éphémère. Sur les murs extérieurs et intérieurs des maisons ou sur les parois de torchis des jhumpa (huttes) sont figurés les trois règnes : humain, animal et végétal, entrelacés de savants pictogrammes géométriques. Carisse Busquet, qui a vécu dans cette région, nous apprend que dans la société rajasthani, structurée par un patriarcat millénaire implacable, cet art mural incarne à la fois l’expression artistique propre aux femmes, leur part de liberté et de créativité, et leur rôle dans la manière dont est sacralisé en Inde le cycle de vie annuel.

Dans un texte ancien (1941), Titus Burckhardt nous donne un aperçu des origines de l’art populaire suisse : “Les ornements de forme géométrique creusés dans le bois, tels qu’on les trouve sur les objets provenant des vallées alpestres, les masques sculptés et le folklore qui s’y rapporte sont l’expression incontestable d’un héritage primordial, qui se retrouve sous des formes analogues dans l’art primitif de la plupart des peuples”, explique-t-il. Ainsi de ces roues “représentations du disque solaire, ou encore des étoiles” car “dans toutes les traditions, l’axe polaire, autour duquel évolue le mouvement cosmique, représente l’essence éternelle et immuable de l’univers”.

Autre expression artistique et artisanale, le kimono s’affirme comme un support d’expression picturale au même titre que d’autres objets de la vie quotidienne, mais pour les Japonais, il demeure fortement associé à leur identité culturelle, “comme le démontre l’existence du terme wafuku, désignant la catégorie du vêtement traditionnel, par opposition à celle de style occidental, le yôfuku”, souligne Élodie Laleuf, qui réside dans ce pays depuis des années.

“Il n’existe pas de mot en lakota, et dans les cultures indiennes en général, pour définir ce que nous appelons artisanat”, rappelle Patrick Cicognani, qui a vécu plusieurs années auprès des Indiens des Plaines. De même le mot art est introuvable dans leurs langues. L’artisanat est-il un art ? Sacré ou non ? Autant de questions superflues du point de vue de la pensée indienne “fondée sur la compréhension profonde des lois de l’univers, développée, affinée par l’expérience durant des milliers d’années, ayant permis de générer une psychologie célébrant l’unité de toute chose, notamment de l’esprit, en harmonie avec lui-même et la nature entière”.

Découvrir le dossier complet dans ULTREIA ! #18 ( Année 2020)