Les fils des aigles
Au début de l’année 2016, dans le saisissant hiver mongol, Tuul et Bruno Morandi sont allés partager la vie des nobles aigliers kazakhs. Récit en images à retrouver dans ULTREÏA ! #09 .
Comme en témoignent maintes gravures rupestres, les cavaliers des steppes d’Asie centrale pratiquent la chasse à l’aigle depuis des millénaires. L’Histoire secrète des Mongols, écrite en ouïgour au XIIIe siècle, juste après la mort de Gengis Khan, dépeint l’Empereur Universel livrant ses plus grandes batailles, entouré de guerriers portant fièrement des aigles au poing. Plus tard, les peintres chinois et persans se sont aussi attachés à coucher délicatement sur leur papier de soie le cavalier mongol arborant son aigle. Cette tradition survit aujourd’hui principalement grâce aux nomades kazakhs d’origine turco-mongol, qui se transmettent cet art avec ferveur de père en fils.
Aux confins du massif de l’Altaï, dont les sommets culminent à plus de 4 000 mètres, dans la province occidentale mongole de Bayan-Olgii, vivent en effet les burkitchins kazakhs, derniers maîtres des aigles, dignes héritiers de ce savoir séculaire. Leurs ancêtres, venus du Turkestan chinois ( Xinjiang ), se sont installés progressivement sur les contreforts de l’Altaï.
Aujourd’hui, les Kazakhs peuplent majoritairement la région et préservent jalousement leur culture et leur langue d’origine turque. Mais dans cette contrée très sauvage, difficile d’accès et presque coupée du reste du pays, les hivers sont rudes et longs, les printemps balayés par des vents venus de Sibérie et l’été obstinément aride. Les montagnes ocre, aux parois raides et escarpées, y restent nues de toute végétation. C’est dans cette austère minéralité que vient nicher le “roi des oiseaux”. Mais c’est aussi cette nature extrême qui a forgé l’homme fier, le burkitchin, seul capable de dompter l’aigle royal…
Visionner ici une interview exclusive avec ces photographes voyageurs :