Jean Vanieret ses "maîtres en humanité"
Quand Jean Vanier, un jour d’août 1964, s’installe avec Philippe Seux et Raphaël Simi, deux personnes avec un handicap mental, dans une petite maison sans confort de Trosly-Breuil, un village de l’Oise où il vit toujours, il ne sait pas qu’il est en train de fonder l’Arche. Il répond d’abord à une nécessité intérieure, celle qui le guide depuis longtemps et qui l’a poussé à des choix radicaux et souvent surprenants. Il veut “suivre Jésus” et le chemin qu’il emprunte ce jour-là n’est pas le moins étonnant de son histoire.
EXTRAIT : « Une histoire qui commence le 10 septembre 1928, à Genève, où son père, un héros de la guerre de 14-18, est le représentant militaire du Canada à la SDN ( Société des Nations ). Après avoir vécu en Angleterre, la famille Vanier réside en France et, en 1940, l’enfant de 11 ans se retrouve sur les routes de l’exode avec les millions de réfugiés fuyant l’invasion allemande, avant de pouvoir embarquer pour l’Angleterre puis le Canada. (…) Il veut devenir prêtre et cherche sa voie. (…) À 36 ans, tout nouveau professeur de philosophie à l’université de Toronto, il semble avoir trouvé sa vocation et son ancrage. Pourtant, brusquement, il quitte tout, lui qui ne connaît rien au handicap, parce qu’il a rencontré des hommes sans espoir dans un hospice lugubre et violent où l’avait amené son père spirituel, le père Thomas Philippe.(…)
“J’ai été bouleversé, dit-il, par le cri qui jaillissait de tout leur être : Est-ce que tu m’aimes ?, et aussi : Pourquoi m’a-ton abandonné ? Pourquoi ne suis-je pas comme mes frères, mes sœurs qui vivent dans une maison ?”C’est à ce terrible cri muet qu’il répond, d’une façon toute personnelle : “Oui, moi je t’aime. Je veux vivre avec toi et nous allons ensemble trouver une maison.” »
A retrouver dans ULTREÏA ! #09
© Association Jean Vanier; Elodie Perriot