Historien spécialiste des mentalités religieuses, Jean Delumeau a développé des thèses sur le péché et la peur qui ont rencontré un écho auprès d’un vaste public. Mais il s’est attaché également à étudier les remèdes à cette peur, comme le sentiment de sécurité ou l’espérance.
À 93 ans, il se définit comme un catholique fervent préoccupé par l’avenir du christianisme.
Christiane Rancé est allée à sa rencontre.

EXTRAIT : « J’ai étudié, comme historien, tout ce qui participait à la construction d’une idée, d’une croyance ou d’un mythe, et à leur évolution au cours des siècles à partir du texte initial qui en avait porté le germe. C’est ainsi que, lorsque j’ai commencé à spécialiser mes études sur l’histoire, j’ai concentré mes recherches sur le fait religieux en travaillant à partir de sa dimension anthropologique. Et si j’ai choisi le christianisme, c’était bien évidemment parce que j’ai toujours été croyant, mais encore parce que, quoi qu’on en dise, et quelles que soient les singularités des races et des cultures, l’homme se définit avant tout comme un homo religiosus.

(…)

Il y a un fait irréfutable : nous vivons une époque d’agnosticisme. Voire d’irreligion. Et c’est aussi une nouveauté dans l’histoire, une situation tout à fait inédite dans l’histoire de l’humanité, cette rupture volontaire avec ce lien. Or, l’agnosticisme aboutit à croire que rien n’est valable, que tout se vaut, et qu’il n’y a ni bien ni mal. Il conduit, en fin de compte, à nier la liberté, et à dispenser les individus de cette fructueuse responsabilité vis-à-vis de soi-même. »

Entretien mené par Christiane Rancé  à retrouver dans ULTREÏA ! #10 

© DAVID DESPAU