L' ÉSOTÉRISME est-il une VOIE pour notre temps ?
Bernard CHEVILLIAT, Florence QUENTIN, Françoise BONARDEL, Éric GEOFFROY, Julien DARMON, Jérôme ROUSSE-LACORDAIRE, Jean-Marc VIVENZA, Roland HUREAUX
L’ésotérisme est-il (encore) une voie ? Dans ce dossier, nous avons questionné des auteurs de plusieurs disciplines et religions pour savoir si celui-ci était universel et s’il pouvait être une opportunité pour notre temps. Et être une voie de liberté face à la perspective souvent très légaliste de l’exotérisme, la religion conventionnelle?
Qu’est-ce que l’ésotérisme ? – Bernard CHEVILLIAT
L’ésotérisme s’invite à l’université – Florence QUENTIN
L’alchimie et l’expérience de la transformation – Françoise BONARDEL
Le grand dévoilement du soufisme – Éric GEOFFROY
Kabbale : l’unité du caché et du révélé – Julien DARMON
Ésotérisme chrétien ou christianisme ésotérique ? – Jérôme ROUSSE-LACORDAIRE
Ésotérisme, initiation et secret – Entretien avec Jean-Marc VIVENZA
La gnose entre ésotérisme et hérésie – Roland HUREAUX
Feuilleter ici les premiers pages des articles du Dossier ULTREIA #07
INTRODUCTION
Ensemble hétéroclite et bigarré de croyances au parfum de mystère, voie de transformation intérieure, démarche initiatique aux frontières des religions institutionnalisées, il n’est pas simple de définir l’ésotérisme. Ce terme, apparu tardivement dans l’histoire, revêt des acceptions différentes selon les présupposés culturels et idéologiques de chacun.
Souvent identifié fautivement à l’occultisme ou à la magie, l’ésotérisme – le plus souvent ancré dans une tradition “exotérique” conventionnelle – se présente plutôt comme une voie de connaissance, une science sacrée et une sagesse intemporelle aux antipodes des fondamentalismes et des attitudes sentimentales et moralistes, et, à plus d’un point de vue, comme une invitation à la liberté.
Après nous être interrogés sur la validité actuelle d’une telle voie, aujourd’hui discipline universitaire reconnue, nous arpentons ici diverses traditions occidentales et orientales pour y déceler le “noyau” caché sous l’écorce.
JULIEN DARMON évoque en quoi la kabbale incarne “l’unité du caché et du révélé”,et de quelle manière cette “Torah cachée” est un thème central de la tradition juive. En dépit de la défiance de l’Église envers l’ésotérisme qu’elle associa au gnosticisme pour mieux le condamner, “rien n’interdit a priori qu’un ésotérisme puisse être chrétien”,argumente le père JÉRÔME ROUSSE-LACORDAIRE.
Le soufisme, voie ésotérique de l’islam ? C’est ce que nous explique ÉRIC GEOFFROY,qui rappelle que dans le Coran est énoncée la prééminence de la réalité ésotérique du monde ( Haqîqa ) par rapport à la norme extérieure, fût-elle religieuse ( Sharî‘a ).
Un entretien avec JEAN-MARC VIVENZA nous révèle la profondeur des liens qui unissent ésotérisme et sociétés secrètes, conviant leurs membres à faire l’expérience d’une transformation profonde, parfois radicale, au travers d’une initiation.
Ésotériques, les pratiques et les symboles alchimiques, en Occident comme en Orient,le sont à plus d’un titre, nous démontre FRANÇOISE BONARDEL. Non pas en raison du secret qui les entoure ou de l’obscurité de leur langage, mais plutôt par la possibilité offerte à qui s’en montre digne de pénétrer certains arcanes dont la connaissance se révèle transformatrice pour qui a emprunté cette voie.
ROLAND HUREAUX analyse quant à lui la longue et tumultueuse histoire de la gnose et de ses avatars, à la lisière du christianisme, dont on retrouve aussi l’influence dans l’islam et le bouddhisme.
Mais c’est à Louis-Claude de Saint-Martin que nous confions l’introduction de ce dossier : “La seule initiation que je prêche et que je cherche de toute l’ardeur de mon âme est celle par laquelle nous pouvons entrer dans le cœur de Dieu et faire entrer le cœur de Dieu en nous pour y faire un mariage indissoluble qui nous fait l’ami, le frère et l’époux de notre Divin Réparateur. Il n’y a pas d’autres moyens pour arriver à cette sainte initiation que de nous enfoncer de plus en plus jusque dans les profondeurs de notre être et de ne pas lâcher prise que nous ne soyons parvenus à en sortir la vivante et vivifiante racine.”