Bêtes, Hommes et Dieuxentre vénération, maltraitance et superstitions ...
Nathalie CALME, Gérard BUSQUET, Pierre LORY, Nelly DELAY, Florence QUENTIN
DOSSIER :
DE L’ANIMAL-MÉCANIQUE AU BESTIAIRE SACRÉ par NATHALIE CALMÉ
INDE. ANIMAUX SACRÉS : HÔTES INDÉSIRABLES ? par GÉRARD BUSQUET
LES ANIMAUX DANS LA TRADITION ISLAMIQUE par PIERRE LORY
ASIE : REGARDS D’HOMMES SUR LES ANIMAUX par NELLY DELAY
LE “BESTIAIRE” DE LOUIS CHARBONNEAU-LASSAY par FLORENCE QUENTIN
Feuilletez ici les premières pages du DOSSIER
INTRODUCTION
Comment situer l’homme au sein du règne animal ?
Que nous disent les différentes traditions du rapport des animaux et des hommes avec le divin ?
La Bible nous a octroyé d’entrée une place centrale et maîtresse dans la Création. Descartes, quant à lui, considérait que les animaux étaient privés d’âme, et les rangeait au rang de machines, insensibles et inconscientes.
Vision occidentale qui est loin d’être partagée par l’humanité dans son ensemble, car nombre de civilisations anciennes ou actuelles ont adoré et vénèrent encore les animaux comme autant de manifestations ou d’incarnations du Divin.
“Être de nature, l’animal est aussi un être de culture”, écrit Nathalie Calmé, en préambule de notre dossier. “Il occupe une place essentielle dans l’existence humaine. La diversité des liens que les humains ont nouée avec lui permet d’envisager le « monde animal » comme un véritable cosmos de significations.” Pensée qu’elle décline depuis la vision mécaniste en vigueur au XVIIe siècle où l’animal est réifié, “relégué dans la catégorie des objets mécaniques”, jusqu’au renversement actuel avec la publication d’un manifeste à l’origine du statut juridique de l’animal.
“Animaux sacrés, hôtes indésirables ?” : c’est sur cette question volontairement provocatrice que s’ouvre l’article de Gérard Busquet, spécialiste de l’Inde qui nous explique que la civilisation indienne est sans doute l’une des seules au monde à s’être posé la question de la valeur de la vie animale. “Très tôt dans l’histoire de son évolution philosophique et religieuse, le fait de tuer un animal, de lui ôter la vie a fait débat au sein des différents courants religieux, qu’ils soient brahmanique, bouddhiste ou jaïn.”
“À première lecture, le Coran n’accorde pas de place spécifique au monde animal. Il place l’homme d’emblée au centre de la création”, commente quant à lui Pierre Lory. En islam, ceux-ci sont vus comme des bienfaits accordés aux hommes, mais aussi comme des êtres conscients occupant un rôle religieux et symbolique. Qui plus est, selon le Coran, ils posséderaient un langage inarticulé. Et l’auteur de conclure : “La nature entière doit être respectée en tant qu’oeuvre de Dieu, et les animaux tout particulièrement, comme sujets conscients et dévots.”
Nelly Delay nous entraîne à sa suite de la mer Caspienne jusqu’au Japon. À ses yeux, “l’Asie se présente comme un vaste territoire où se sont développées des civilisations dont les points communs, autant que les divergences, nous servent d’enseignement. Souvent les animaux en sont les interprètes, à charge pour nous de décrypter ce langage.” Après l’Inde et les avatars de Vishnou, nous nous rendons en Chine et son approche des animaux réels ou imaginaires – les “quatre animaux merveilleux” entre autres, symbolisant les quatre points cardinaux – dont “l’unité donne une grande stabilité au monde”, pour parvenir enfin au Japon et sa vénération singulière des chats, des grues et des tanuki, chien malicieux au coeur des légendes.
Immense érudit, Louis Charbonneau-Lassay consacrera plus de quinze ans de sa vie à préparer Le Bestiaire du Christ, dans lequel il précisera le sens exact des “figures emblématiques, qui, au cours des siècles chrétiens, ont été adoptées pour représenter mystérieusement la personne de Jésus-Christ sous ses divers aspects”. Des créatures fabuleuses aux poissons, du loup au dauphin, des animaux de la basse-cour jusqu’aux insectes, cette somme unique en son genre immerge le lecteur au cœur de la science sacrée, au travers d’emblèmes intemporels et universels repris par le christianisme.
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