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Ultreïa ! Plus loin, plus haut... sur les chemins de la sagesse

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14Hiver 2018

\Nœuds et Labyrinthes - Dossier\Pourquoi se retirer du monde?

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Pourquoi se retirer du monde?
Ermites, désert, silence, solitude

Christine JORDIS, Jean MONCELON, Blanche de RICHEMONT, Jacques KERYELL, Gabriel ARNOU-LAUJEAC, Michel JOURDAN, Ismaël DIADIÉ HAÏDARA, Gilles BAUDRY

DOSSIER:

Quatre lettre de la forêt – Christian Bobin

L’exil et la sagesse confucéenne de Chusa – Christine Jordis

Marie-Madeleine Davy Le chemin du visible à l’invisible – Jean Moncelon

Le désert est une fenêtre – Blanche de Richemont

Mystique chrétienne au désert – Jacques Keryell

Renoncement au monde et Védanta – Gabriel Arnou-Laujeac

Hésychia et solitude – Michel Jourdan

Lavé par le désert, dénudé… – Ismaël Diadié Haïdara

L’offrande monacale – Gilles Baudry

 

FEUILLETEZ ICI les premières pages du DOSSIER ULTREÏA #14

 

INTRODUCTION:

Ermite moderne et poète délicat et inspiré, Christian Bobin, dont le rêve serait d’avoir la “légèreté de l’oiseau qui n’a pas besoin pour chanter de posséder la forêt, pas même un seul arbre”, nous offre Quatre lettres – inédites – de la forêt.

L’écrivain Christine Jordis narre ici l’histoire de Chusa, lettré et sage coréen qui, au XIXe siècle, après une carrière au plus haut niveau du pouvoir, connut la relégation à Jeju, “l’exil le plus dur qui se puisse imaginer, en réalité une prison à ciel ouvert”. Avec subtilité, elle s’interroge sur ces “glissements vertigineux : passer du succès à l’échec, du plus grand pouvoir à un dénuement absolu, de la compagnie de nombreux amis et disciples à une solitude désolée, sans remède et, au long de ces années, de la maturité à la vieillesse”.

Le dénuement, voilà ce vers quoi tendit aussi Marie-Madeleine Davy, médiéviste réputée, adepte de la mystique rhénane, une voie marquée par l’expérience bouleversante du “désert de la nue Déité”. Jean Moncelon nous dresse un portrait ciselé de celle qui écrivait elle aussi sur le temps qui passe : “Vieillir, l’âge. C’est une épreuve, mais il y a quelque chose d’extraordinaire… On devient son père et sa mère, on s’enfante… et si on accepte cet enfantement… un nouveau chemin se dessine. Je dirais un chemin d’éternité, peut-être, un chemin qui dépasse le temps en tout cas.”

La grande sainte hindoue Mâ Ananda Moyî disait à ses disciples : “Où que vous soyez, c’est ici que commence le voyage.” Blanche de Richemont, qui a fréquenté son ashram et parcouru et écrit sur les déserts, interpelle le lecteur à l’âme vagabonde : “Peut-être que le voyage immobile est l’ultime liberté, celle de pénétrer dans un pays rêvé, sans dépendre du monde extérieur. N’avoir besoin de rien d’autre que de soi-même et des yeux de l’âme. Le désert nous apprend à vivre cet enseignement.”

Jacques Keryell a vécu en solitude spirituelle dans le Sahara et il revient ici sur les illustres figures que furent Théodore Monod, le père de Foucauld ou son ami Louis Massignon. C’est dans ce lieu du dépouillement ultime, dit-il, et “au nom de tous mes frères les Hommes que, là-haut sur la montagne de l’Assékrem, nous étions hôtes du Seigneur”. Et cite ces brûlantes paroles de Paul Baudiquey : “Les contemplatifs de toutes les religions qui sont sous le ciel vont au désert, non pas pour fuir le monde ou comme des touristes en voie de dépaysement. Ils vont au désert par amour, c’est-à-dire pour « étreindre » : étreindre au plus près la sainte, l’unique RÉALITÉ, la leur et celle de Dieu.”

L’Inde n’a pas la primauté des ermites mais elle a toujours compté une foule de renonçants. Ainsi, le sannyâsin “a conservé un statut privilégié dans la société indienne”, nous rappelle le spécialiste du Védanta, Gabriel Arnou-Laujeac. “De par son dénuement et la majesté de son apparence… (il) incarne, aux yeux de l’homme de foi, la métaphore de la connaissance qui dissipe l’obscurité de l’ignorance.

“Comment, dans un monde sans spiritualité et sans cadre de vie contemplative, peut-on voir s’épanouir une vie spirituelle sans passion, dans la simplicité (et non dans la déchéance du paria), enracinée dans le travail manuel et non dans des rêveries ?”, s’interroge Michel Jourdan qui réside quant à lui dans une manière d’ermitage de l’Hérault.

Ismaël Diadié, philosophe malien, revient ici sur la beauté et l’exigence du désert, tenant que “certains grands esprits, au long des siècles, perçurent le danger d’une existence dans le monde qui ne serait qu’inquiétude et ils eurent la force de s’émanciper de ces emprises, de choisir, contre toute attente, une vie encore possible, ailleurs. Ils abandonnèrent le monde pour les déserts, leur silence et la plus profonde des solitudes.”

Il est moine et poète. Gilles Baudry, depuis l’abbaye de Landévennec où il vit, prie et compose, nous fait don de son “offrande monacale” : “J’assume cette double marginalité, cette double fibre et unique appel. Sans mélange inconvenant ni conflit imaginaire. M’habite, dans la prière comme dans le poème, ce sentiment de n’exister que dans la mendicité et la gratitude.”

 

Dossier complet à retrouver dans ULTREÏA! #14

 

©TUUL & BRUNO MORANDI